Séance impromptue du 11 novembre 2009.
“Ce n’est pas juste aller voir et rapporter. On ne voit pas seulement avec ses yeux, on voit aussi avec ce qu’on porte en soi, avec ce qui nous a marqués. Les images que j’ai rapportées de là-bas faisaient écho à d’autres images que j’ai en moi depuis l’enfance, qui ne sont pas des images de choses que j’ai vues, mais qui font partie de mon imaginaire, et qui ont à voir avec la guerre. Pour moi, ces gens qui attendent dans une gare à Moscou, on dirait qu’on va les mettre dans des camps. C’est ce que je ressentais, c’était mon imaginaire, ce n’était pas la “réalité”, mais on voyage avec tout ce qu’on est. Et je crois que, en-dessous du film, sous l’Europe de l’Est, il y a ça. Donc, ce n’est pas simplement “documenter” ce qu’on a vu, parce qu’un autre aurait forcément choisi d’autres images de Moscou. Moi, je filme avec des images que j’ai en moi enfouies, et puis, tout d’un coup, je trouve un écho dans la réalité, ou, en tout cas, je filme de telle manière que ça fasse écho à des choses qui sont là. Tout ça dans un inconscient quasiment total.”